Au plus fort des années soixante, les premières « caravanes musicales » qui ont permis au public européen de découvrir le blues ont joué un rôle crucial dans la popularisation d’une musique qui allait bientôt servir de matrice au rock. À une époque où la note bleue avait encore des consonances exotiques aux oreilles de bien des mateurs de musique noire, les artistes présentés lors de ces tournées à travers le Vieux Continent décrivaient l’expérience afro-américaine dans sa diversité stylistique, depuis le blues rural des plantations du Vieux Sud jusqu’au langage urbain des ghettos du Nord. Un demi-siècle plus tard, le blues électrique s’est imposé dans l’ensemble de notre environnement musical, et les sonorités « country » plus traditionnelles sont souvent considérées comme de simples témoins d’une époque révolue. Rien n’est moins vrai. À mesure que le déclin industriel des USA, amplifié par la mondialisation, poussait des centaines de milliers d’Afro-Américains à quitter les métropoles du nord pour retrouver le Sud, une nouvelle école s’est épanouie, qui mélange la douceur des sonorités acoustiques aux valeurs de sagesse et de vérité ancestrales du blues, tout en évoquant les problèmes d’aujourd’hui. Cette « Folk Blues Revue – USA » entend illustrer la vitalité de cette école trop souvent mésestimée en présentant un spectacle de 90 minutes construit autour des prestations successives de trois représentants majeurs du blues traditionnel actuel. Tous dotés d’une vision très personnelle de cet héritage — Harrison Kennedy, en digne patriarche, en incarne les racines les plus profondes, tandis que Guy Davis évoque sa pureté mélodique et Leyla McCalla son formidable attrait poétique —, ces trois héros du blues mettent en lumière la diversité et la richesse d’une musique à la fois poignante et entraînante, capable de réconcilier avec l’existence tous ceux qui seraient atteints par le blues !

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